[BG] Etoile du Matin

- Papa ! S’il te plaît ! allez, dis oui ! Je promets que je ferai attention !
Charles Grant lança un regard excédé à sa fille unique. Celle-ci se tenait devant lui, lèvres retroussées en une moue boudeuse, mains posées sur son bras en un geste de supplication muette, ses grands yeux candides humides de larmes contenues. Elle était tout simplement adorable… Comme à chaque fois qu’il la regardait, elle, la lumière de sa vie, son étoile du matin, son cœur se gonfla douloureusement dans sa poitrine, et il se sentit submergé par une bouffée d’amour. Elle ressemblait tellement à sa mère avec son visage en forme de cœur, ses yeux de biche et sa crinière rousse. Elle était sa plus belle réussite, sa plus grande fierté, et il se refusait à la confronter à l’horreur continuelle de sa propre vie. Aussi détacha-t-il les petites mains de son bras en martelant la réponse coutumière :
- Olivia Minerve Grant, combien de fois faudra-t-il que je te répète que la réponse est NON. Tu es jeune, tu as un avenir brillant devant toi, et je refuse que tu le gâches de la sorte. Fais toi des amis, sors, étudie, va à l’université, vis ta vie de jeune fille NORMALE, et enlève toi cette idée stupide du crâne !
Olivia soupira et laissa son père finir de se préparer. Elle savait d’expérience qu’elle ne parviendrait pas à le faire changer d’avis cette fois-ci encore. Pourtant… quand elle voyait ses parents enfiler leur costume et s’envoler main dans la main pour aller une fois encore écumer les rues de Paragon City à la recherche d’innocents à sauver, elle sentait au fond de son cœur que sa place était à leur côté. Le pouvoir était là, en elle, puissant, dangereux. Elle le sentait frémir à chacun de ses gestes, ne demandant qu’à être libéré. Oui, que son père le veuille ou non, il était déjà trop tard pour elle, le choix ne lui appartenait plus, sa destinée était déjà toute tracée… Mais comment arriver à le faire comprendre à ses proches ? Elle en était là de ses réflexions lorsque la voix de sa mère s’insinua dans son esprit, apaisant comme un baume ses pensées douloureuses.
- Ne sois pas si pressée ma douce… tu n’as que quatorze ans, après tout. Si ton père et moi ne voulons pas te voir suivre nos traces, ce n’est pas parce que nous n’avons pas confiance en tes capacités, c’est juste parce que nous estimons que tu devrais profiter un peu de ton innocence avant de te confronter à ce monde de violence et de peur. Alors attends encore quelques années, et tu verras qu’il se montrera de moins en moins inflexible au fil du temps.
Madeline Lynch Grant apparut à cet instant dans la pièce, embrassa tendrement sa fille et redressa machinalement une de ses couettes. Puis son regard dériva vers la pendule, et elle poussa un cri d’effroi.
- Olivia ma petite étoile du matin, tu vas être en retard à l’école ! File vite chercher ton sac, je te dépose en allant au bureau.
Olivia poussa un cri de joie et courut dans sa chambre chercher ses affaires scolaires. Oubliées ses considérations moroses sur son avenir de super-héroïne, seule subsistait l’excitation de voler au dessus des gratte-ciels de Paragon en compagnie de sa mère. Elle adorait ces moments où la seule puissance de Madeline la maintenait loin au dessus du sol. En un rien de temps, elle rassembla son équipement, redescendit à la cuisine, attrapant au passage son casse-croûte de midi et rejoignit sa mère qui l’attendait patiemment dans l’allée. D’un geste presque distrait, elle les rendit invisibles, puis saisit la main de sa fille. La seconde d’après, elles survolaient la ville. La jeune fille ne se lassait jamais de l’immense sensation de liberté qui l’assaillait dans ces moments-là, de cette impression de tenir le monde au creux de ses mains.
Bien trop tôt au goût d’Olivia, Madeline les fit atterrir dans un coin discret au coin d’une rue, déposa un tendre baiser sur sa joue, et reprit son envol.
Une dernière fois, la douce voix maternelle effleura ses pensées :
- Promets moi de réfléchir à ce que je t’ai dit ma petite étoile… tu as le temps, tu dois acquérir une petite expérience de la vie avant de vouloir essayer de sauver celle des autres. Etre un « super », ce n’est pas seulement porter un costume et un masque. Tu connais comme nous l’axiome de tout héros de cette ville : Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Apprends à te montrer responsable, et tu seras prête à assumer ton rôle dans la société. Bon, je file… A ce soir ma douce, et surtout, rappelle toi que nous t’aimons plus que tout, ton père et moi, et que nous ne voulons que ton bonheur.
Puis Olivia se retrouva une fois encore seule avec ses doutes et ses interrogations.
Sans le savoir, elle venait de parler à sa mère pour la dernière fois.
Charles Grant lança un regard excédé à sa fille unique. Celle-ci se tenait devant lui, lèvres retroussées en une moue boudeuse, mains posées sur son bras en un geste de supplication muette, ses grands yeux candides humides de larmes contenues. Elle était tout simplement adorable… Comme à chaque fois qu’il la regardait, elle, la lumière de sa vie, son étoile du matin, son cœur se gonfla douloureusement dans sa poitrine, et il se sentit submergé par une bouffée d’amour. Elle ressemblait tellement à sa mère avec son visage en forme de cœur, ses yeux de biche et sa crinière rousse. Elle était sa plus belle réussite, sa plus grande fierté, et il se refusait à la confronter à l’horreur continuelle de sa propre vie. Aussi détacha-t-il les petites mains de son bras en martelant la réponse coutumière :
- Olivia Minerve Grant, combien de fois faudra-t-il que je te répète que la réponse est NON. Tu es jeune, tu as un avenir brillant devant toi, et je refuse que tu le gâches de la sorte. Fais toi des amis, sors, étudie, va à l’université, vis ta vie de jeune fille NORMALE, et enlève toi cette idée stupide du crâne !
Olivia soupira et laissa son père finir de se préparer. Elle savait d’expérience qu’elle ne parviendrait pas à le faire changer d’avis cette fois-ci encore. Pourtant… quand elle voyait ses parents enfiler leur costume et s’envoler main dans la main pour aller une fois encore écumer les rues de Paragon City à la recherche d’innocents à sauver, elle sentait au fond de son cœur que sa place était à leur côté. Le pouvoir était là, en elle, puissant, dangereux. Elle le sentait frémir à chacun de ses gestes, ne demandant qu’à être libéré. Oui, que son père le veuille ou non, il était déjà trop tard pour elle, le choix ne lui appartenait plus, sa destinée était déjà toute tracée… Mais comment arriver à le faire comprendre à ses proches ? Elle en était là de ses réflexions lorsque la voix de sa mère s’insinua dans son esprit, apaisant comme un baume ses pensées douloureuses.
- Ne sois pas si pressée ma douce… tu n’as que quatorze ans, après tout. Si ton père et moi ne voulons pas te voir suivre nos traces, ce n’est pas parce que nous n’avons pas confiance en tes capacités, c’est juste parce que nous estimons que tu devrais profiter un peu de ton innocence avant de te confronter à ce monde de violence et de peur. Alors attends encore quelques années, et tu verras qu’il se montrera de moins en moins inflexible au fil du temps.
Madeline Lynch Grant apparut à cet instant dans la pièce, embrassa tendrement sa fille et redressa machinalement une de ses couettes. Puis son regard dériva vers la pendule, et elle poussa un cri d’effroi.
- Olivia ma petite étoile du matin, tu vas être en retard à l’école ! File vite chercher ton sac, je te dépose en allant au bureau.
Olivia poussa un cri de joie et courut dans sa chambre chercher ses affaires scolaires. Oubliées ses considérations moroses sur son avenir de super-héroïne, seule subsistait l’excitation de voler au dessus des gratte-ciels de Paragon en compagnie de sa mère. Elle adorait ces moments où la seule puissance de Madeline la maintenait loin au dessus du sol. En un rien de temps, elle rassembla son équipement, redescendit à la cuisine, attrapant au passage son casse-croûte de midi et rejoignit sa mère qui l’attendait patiemment dans l’allée. D’un geste presque distrait, elle les rendit invisibles, puis saisit la main de sa fille. La seconde d’après, elles survolaient la ville. La jeune fille ne se lassait jamais de l’immense sensation de liberté qui l’assaillait dans ces moments-là, de cette impression de tenir le monde au creux de ses mains.
Bien trop tôt au goût d’Olivia, Madeline les fit atterrir dans un coin discret au coin d’une rue, déposa un tendre baiser sur sa joue, et reprit son envol.
Une dernière fois, la douce voix maternelle effleura ses pensées :
- Promets moi de réfléchir à ce que je t’ai dit ma petite étoile… tu as le temps, tu dois acquérir une petite expérience de la vie avant de vouloir essayer de sauver celle des autres. Etre un « super », ce n’est pas seulement porter un costume et un masque. Tu connais comme nous l’axiome de tout héros de cette ville : Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Apprends à te montrer responsable, et tu seras prête à assumer ton rôle dans la société. Bon, je file… A ce soir ma douce, et surtout, rappelle toi que nous t’aimons plus que tout, ton père et moi, et que nous ne voulons que ton bonheur.
Puis Olivia se retrouva une fois encore seule avec ses doutes et ses interrogations.
Sans le savoir, elle venait de parler à sa mère pour la dernière fois.